Voila la totalité, il y en a beaucoup alors bon courage ^^
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Chapitre 1
Je la regardais. C’est une des plus belles personnes que j’ai jamais vu.
Les gens disent de moi que je suis un pauvre mec, qui ne pense qu’aux filles, qui leur dit des mots doux pour les séduire puis les laisse tomber. Ils croient que je suis un coureur et ils n’ont pas tout à fait tort.
Mais cette fois-ci, c’est différent. Elle est différente et ne s’en rend même pas compte.
Je ne peux pas m’empêcher de la regarder. Elle ne ressemble pas aux autres...
Ses cheveux bouclés sont toujours relevés en chignons lâches, j’adore quand elle reprend ses boucles brunes pour les mettre derrière ses oreilles.
Elle passe son heure à faire pianoter ses doigts sur la table, comme si elle s’ennuyait, alors qu’elle est attentive aux moindres paroles du professeur.
Sa peau caramel devient dorée quand un rayon de soleil traverse la fenêtre, et le plus étonnant c’est qu’elle ne se rend pas compte de sa beauté.
Ce qui me fascine le plus chez elle, c’est son regard. Un regard chocolat qui vous fait fondre quand elle pose ses yeux sur vous. Un regard qui pétille de malice et de douceur. Mais depuis quelques mois, ses yeux portent un voile de tristesse, elle semble porter un lourd secret, et je souffre de la voir ainsi..
Vous-êtes vous déjà demandé si le coup de foudre existait ? Si un jour peut-être un petit ange aux derrière potelé vous tirerez dessus avec une flèche nommé amour ?
Avant, je pensais que l’amour n’existait pas, que les filles étaient stupides et chochottes.
Mais cette fille, cette fille a changé ma vie, son regard, un jour m’a chamboulé et depuis mon cœur lui appartient.
Vous devez être en train de penser que je suis ridicule, que je suis un macho et que rien ni personne ne pourra me faire changer.
Mais quand on a était ce que j’ai étais, si on n’a pas de secondes chances on est fichu.
Enfin bref, dans l’histoire, le plus important, c’est elle, dire son prénom serait trop difficile, rien que de l’entendre j’ai les genoux en compote, alors je vais l’appeler M, après tout ce n’est qu’une partie de la vérité.
Enfin je crois que je devrais peut-être vous parler un peu de moi, j’ai lu dans un magazine que l’auteur devait toujours parler de lui, afin que les lecteurs puissent mieux comprendre le récit.
Donc voila, je m’appelle Tony, j’ai 16ans et je suis en seconde. Je viens d’une famille disons compliqué. J’ai passé mon enfance dans les familles d’accueils ou dans les foyers.
J’aime le sport, la musique électro et le rap américain. Je n’ai pas de meilleurs amis, mais celui qui y ressemblerait le plus s’appelle Aurélien.
J’ai déménagé en début d’année, moi le nordiste, me voila dans le Sud, le pays du soleil. Drôle de changement pour un gars qui vient d’un monde gris.
Etant donné que je viens de vous parler de moi, je pense que je peux continuer mon histoire maintenant.
La première fois que j’ai rencontré M, je venais juste d’arriver dans ce lycée, j’étais plein d’assurance, comme le sont souvent les mecs quand ils débarquent dans un lieu nouveau je suppose.
Donc quand je l’ai rencontré, j’étais appuyé contre une sorte de rayons pleins de grosses boites bleus, oranges, jaunes et rouges. J’ai apprit par la suite que c’était les casiers des élèves.
J’ai vu une fille s’avancer vers moi, je me suis dit déjà, eh ben dis donc mon vieux ton charme est sans limites, sauf que ce n’était pas vers moi qu’elle venait, mais plutôt vers son casier, sur lequel j’étais très négligemment appuyé.
Ce jour la, elle portait un gros sweat noir sur lequel était écrit : désolé je suis méchante, en grosse lettres blanches. Elle portait également un jeans délavé déchiré ainsi que des baskets de sport.
Mais tout cela m’importait peu, dès le premier regard je fus charmé.
Elle m’a dit deux mots et mes genoux, les traîtres, m’ont lâchés.
Je sais, la vous devez vous dire que mes genoux ont juste tremblé, mais non, je suis vraiment tombé, heureusement, j’ai fait passer cela pour de la maladresse et elle a rit.
Plus tard, après être passé chez la principale, je suis arrivée, en retard, dans ma nouvelle classe. Mais bon, une entrée fracassante il n’y a rien de mieux pour se faire remarquer, me suis-je dit, et puis si on ajoute à ça un sourire ravageur les filles vont m’adorer.
Je suppose que vous avez deviné la suite non ? Je ne suis pas tombé dans n’importe quelle classe, je suis tombé dans SA classe.
Ce jour-là, pour la première fois j’ai remercié ma bonne étoile.
Comme j’étais toujours seul, et oui, moi qui me croyait très social, je me suis rendu compte qu’arriver en cours d’année, ce n’était pas très facile, elle est venue vers moi.
La vous vous dites impossible, une fille, c’est beau à l’intérieur OU à l’extérieur, mais pas les deux. Et bien vous vous tromper, M l’était, et c’est qui fait d’elle un être appart.
Nous sommes donc devenus de qui ressemble le plus à des amis, elle me posait des questions, et j’essayais d’y répondre avec ma nonchalance habituelle, on a mangé ensemble, on s’attendait, elle m’a présenté à ses amis et c’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai fait la connaissance d’Aurélien.
Mais bien sur, cette histoire était trop belle pour durer, comme elle était trop gentille, et trop sensible, elle s’est faite embêter par une bande filles, qui se sont moqués d’elle parce qu’elle avait la peau mate.
Et tout a basculé, elle se renfermait tout les jours dans un mutisme triste. M passait son temps libre avec ses écouteurs, elle ne parlait plus à personne, restait seule tout le temps, je crois que ce jour là elle s’est rendue compte de qui étais ses amis..
Je suis un pauvre type, c’est dans un de ces moments là que j’aurais du lui montrer mon affection, et puis je sentais bien qu’il n’y avait pas que ça. M est une fille forte, elle n’aurait pas craqué.
Mais je l’ai abandonné, je l’ai laissé tombé. Je m’en suis tellement voulue, je la voyais, qui errait comme une coquille vide dans les couloirs, et je passais mon chemin. Non mais quel abruti !
Son regard, autrefois si plein de vie, avait perdu son éclat. Ses yeux brillaient toujours mais ils étaient remplis de larmes. Elle n’avait plus ce soleil en elle .. juste un nuage gris qui vient après la pluie.
Malgré tout je l’aimais toujours, au fond de moi j’en étais toujours conscient. Mais comme un mâle qui ne pense qu’à ses hormones, je me suis mis à draguer par-ci, par-là. Je suis tout de même bien constitué, alors j’ai obtenu ce que je voulais.
J’ai eu 4 copines en l’espace de 5 mois, alors que la fille avec qui je voulais vraiment être se trouvait juste à côté de moi sans que je lui adresse le moindre sourire ou regard.
Je détestais ce que j’étais devenu, je me donnais mentalement des claques à chaque fois que je la voyais sur le point de pleurer sans que je la prenne dans mes bras pour la réconforter.
Même Aurélien, son meilleur ami, son lapin comme elle l’appelait se conduisait plus en ami que moi. Il allait vers elle, tentait de lui parler, de percer ce secret si dur.
J’en aie connu des gens qui ont vécu des drames, j’en fais partie alors généralement je sens ces choses là, et la je sentais que son cœur avait était marqué au fer rouge et qu’elle souffrait horriblement.
Son silence la bouffait intérieurement, elle était toujours aussi jolie, mais une beauté triste, sombre.
Elle était devenue une ombre.
Vous devez vous dire que j’étais un idiot de ne pas l’aider alors que j’étais sensé être son ami. M était une fille trop bien pour moi, je n’avais aucune chance et je ferais mieux de laisser tomber, mais je me suis accroché, et cela a porté ses fruits..
Un après midi, alors que les cours étaient finit et que tout le monde était rentré chez lui. Je l’ai vu.
Je sortais des toilettes et j’ai entendu des pleurs, j’ai donc, intrigué, suivi les bruits, et c’est la que je l’ai vu.
Seule, dans le noir, elle était appuyée contre une porte. Elle avait ramené ses genoux sous son menton et tenait sa tête dans ses mains. Elle pleure, me suis-je alors dit, M pleure. Une tristesse immense m’envahit alors que je la voyais pleurer sans retenue, si fragile.
Je devais faire quelque chose, alors je me suis approché d’elle, sans un bruit, et j’ai passé un bras autour d’elle.
Elle n’a pas levé la tête, elle a même continué à pleurer, mais ce qui m’a le plus surpris, c’est que je sentais qu’elle savait que c’était moi. Emu, je l’ai serré contre moi, car tout ce qu’elle avait besoin à ce moment la, c’était d’un ami.
Je l’ai tenu comme ça, sans un bruit, respirant l’odeur de ses cheveux qui me chatouillaient le nez.
Je voulais qu’en ce simple contact, je lui apporte du réconfort, et je souhaitais aussi qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur moi, qu’à partir de ce moment, je ne faillirais plus.
Quand elle se détacha de moi, les yeux et le nez rouges, qu’elle me regarda comme avant, j’ai eu envie de l’embrasser. J’en aie encore des papillons dans le ventre.
Pour une fois, je m’étais comporté comme un mec bien.
Cette nuit-là, je n’ai pas dormi, je n’arrêtais pas de penser à elle, je voulais la revoir, elle m’était devenu indispensable.
Le lendemain matin, je ne la vis pas.
J’étais inquiet, elle m’avait parut si fragile hier, qu’avait-elle aujourd’hui ?
Je fus distrait toute la journée, je mourais d’envie de l’appeler, ne serait-ce que pour savoir si elle allait bien.
Je dus me contenter d’un simple texto. J’avais réfléchi pendant des heures pour savoir quoi envoyer, finalement je me suis décidé pour un : Aujourd’hui le soleil brille. Et toi comment vas-tu ?
Après avoir cliqué sur envoyer, je me suis senti ridicule. Quelle idée de dire ça ?
Sa réponse m’étonna autant qu’elle m’enchanta : mon cœur est sans nuage, grâce à toi, merci.
Ce simple merci me bouleversa.Elle ne savait pas ce que je ressentais pour elle. Elle m’était reconnaissante d’avoir était la, pour elle.
Le soir qui suivit ses deux messages sibyllins, nous avons parlé toute la nuit.
De la pluie, du beau temps, de choses futiles, et pourtant, je sentais que chaque mot qui venait d’elle portait un sens caché.
Le lendemain, en me voyant elle m’adressa un sourire si lumineux que je clignai des yeux. Nous passâmes toute la journée ensemble, assis à côté de l’autre, sans parler. Mais les mots n’étaient pas nécessaires, on se comprenait sans verbiages.
Un soir, elle m’avoua que j’étais devenu son seul mais meilleur ami, et qu’elle ne voulait pas me perdre.
Cela me réjouit autant que cela m’attrista, si je lui avouais ce que je ressentais pour elle, notre amitié risquait d’être gâchée, et elle se retrouverait seule, encore.
Alors j’ai décidé de ne rien lui dire, de rester son ami, son soutien, l’épaule sur laquelle elle pourrait pleurer, l’oreille à qui elle pourrait raconter tous ses secret..
Nous sommes devenus inséparable. M allait de mieux en mieux et sans me vanter, je pense que je n’y étais pas indifférent.
Mais cette brume de tristesse restait gravée dans son regard. Et je ne pouvais rien y faire.
Les vacances arrivèrent. Avec M nous avions décidé d’aller à Disney, car elle n’y est jamais allé et voulait découvrir ça avec moi. Nous avons tout organisé, avec nos parents, la chambre d’hôtel, le billet de train, tout était prêt.
Le jour du départ arriva, les au revoir et les faites bien attention firent que nous faillîmes manquer le train.
Durant les cinq premières minutes, M ne dit pas un mot. Je sentais qu’elle n’allait pas bien, mais j’avais comprit qu’avec elle, cela ne servait à rien de poser des questions.
Alors, je l’ai juste prise dans mes bras, et elle a éclaté en sanglots.
Le train était quasiment vide, alors je l’ai bercé en lui chuchotant du réconfort sans être importuné.
Elle a finit par s’endormir.
Ses cheveux sentaient la vanille, je respirais avec délice son parfum exotique.
Je n’osais pas bouger, je ne voulais pas la réveiller. Elle était si belle, M paraissait détendue, comme apaisée.
Je me suis calé sur sa respiration calme et je me suis assoupi, la tête sur la sienne.
Lorsque nous sommes arrivés, j’ai découvert une nouvelle personne. M était toute excitée, elle se conduisait exactement comme moi quand, petit, j’attendais le père Noel devant la cheminée de ma famille d’accueil.
Ses yeux qui brillaient comme deux étoiles dorées, son sourire, c’était magique !
Pour sa première journée à Disney, M s’était habillé en conséquences.. elle avait passé une heure à choisir ses vêtements pour, je cite être la plus belle pour rencontrer Mickey.
Elle portait donc des Vans bordeaux, un short en jeans, ainsi qu’un sweat à capuches avec Mini dessiné dessus. Avec ses yeux chocolats et sa peau caramel, elle était à croquer !
Je crois que nous avons fait tous les manèges possibles et imaginables, mais mon préféré reste le train fantôme. Vous avez du deviner pourquoi, à chaque fois qu’un squelette tordu surgissait du plafond, M poussait un cri et cachait sa tête dans mon coup, et elle riait.
Elle a un rire si mignon, elle ne peut pas s’empêcher de plaque sa main devant sa bouche, et ses yeux s’étirent comme des minis sourires.
Elle était parfaite, même ses défauts étaient adorable, sa mine boudeuse lorsque je la taquinai, sa façon de faire craquer ses doits lorsqu’elle était angoissé, tout le plaisait chez elle.
Mais cette journée magnifique ne dura pas. Alors que nous étions sur le point de rentré, M s’est mise à trembler, elle regardait dans la direction d’un homme, ses yeux s’emplirent de larmes. Elle murmura un prénom.
Au début jaloux de son attention, je regardais maintenant l’homme, qui devait avoir environ 4 ans de plus que nous, avec suspicion. Qui était-il pour elle ?
L’homme était grand, beaucoup plus que moi. Il avait des cheveux blonds foncés et des yeux clairs. Et bien sur il était beau, enfin, je ne suis pas intéressé par les hommes mais je peux vous assurer qu’il l’était.. des pommettes hautes, des traits bien dessinés. J’étais mort de jalousie.
M a alors hurlé LUCAS, et elle a courut vers l’inconnu. Celui-ci s’est retourné, et elle a sauté dans ses bras en pleurant. Je ne comprenais pas tout, et en la voyant ainsi, mon sang se mit à bouillir.
Mais l’inconnu, d’abord surpris, la repoussa gentiment, et la força à le regarder. M leva la tête, et recula de trois pas. Elle s’excusa, murmura qu’elle l’avait prit pour un autre, et tourna les talons.
Nous sommes rentrés à l’hôtel sans un mot. J’avais envie de lui poser un demi-million de questions. Qui était Lucas ? Pourquoi avait elle pleurer en croyant le reconnaître ? Pourquoi ne m’avait-elle jamais parlé de lui ? Et POURQUOI est ce qu’elle gardait le silence depuis tout à l’heure ? Je ne comprenais plus rien.
Elle est partie se coucher, sans dire un mot, je crois bien l’avoir entendue pleurer.
Allongé sur mon lit, je pensais à elle.
J’ai finit par me lever. J’ai toqué à sa porte et je suis entré.
Ses yeux étaient rouges et gonflés mais elle ne pleurait plus.
Je me suis approché et me suis assis à côté d’elle, sans la toucher, en me contentant de la regarder.
Alors elle m’a tout raconté, sans pleurer, les yeux dans le vague, comme si elle revivait la scène. Ses mots étaient simples, mais leurs poids reflétaient sa douleur. Je savais maintenant. Sa douleur, sa tristesse. Les paroles qu’elle prononça restèrent à jamais graver dans mon âme. Comment pouvait-on souffrir autant en étant si jeune ? Le monde est cruel et impitoyable.
Vous devez vous demander ce qu’elle a bien pu me raconter, je vais essayer de vous retransmettre le plus fidèlement possible ces paroles, afin que vous puissiez comprendre.
Lucas était un mec que j’avais rencontré en colos. Nous avons passé une semaine ensemble avec d’autres jeunes au ski. Je ne peux pas te dire que nous étions proches, nous étions amis, autant que peuvent l’être deux jeunes de colos qui ont 4 ans de différence. Ce fut la plus belle semaine de ma vie. Mais la veille du départ, il a eu un accident. Il skiait, il a perdu le contrôle et a foncé dans un arbre. Je suis arrivé après l’accident, mais je l’ai vu dans la civière. Il … tremblait. Sur le coup je n’ai pas comprit que je le voyais mourir. Cette image me hante depuis ce temps là, je le vois partout !
L’homme tout à l’heure, j’ai cru que c’était lui, j’étais tellement heureuse de savoir qu’il s’en était sortie. Alors qu’au fond de moi je savais que je ne le verrais plus, qu’il était quelque part à veiller sur les personnes qu’il avait aimé, et qu’il aimerait jusqu’à la fin de ses jours.
Je n’ai jamais cru au paradis, mais pour lui, j’espère vraiment qu’il existe ! Il était si jeune. Il ne méritait pas ça. Personne ne le mérite.
J’entends encore les cris de ses amis lorsqu’ils ont appris la triste nouvelle. Moi aussi je voulais crier, mais rien ne sortait, le film tournait dans ma tête en boucle, il ne voulait pas s’arrêter. C’est pour cela que j’ai pleuré dans le train.
Depuis ce jour maudit, je ne suis plus jamais allé au ski, ou partit sans mes parents.
J’avais tellement peur, peur qu’il arrive malheur à quelqu’un que j’aime.
Une fois son récit terminé, elle a gardé les yeux baissés. Je l’ai attiré contre moi, et elle s’est accroché. Je voulais être sa bouée se sauvetage, car en apprenant à la connaître, je n’étais pas seulement tombé amoureux de son apparence, mais de tout ce qui faisait qu’elle était M.
Nous sommes restés allongé sur son lit toute la nuit. Mais nous n’avons pas fermé l’œil.
Au bout d’un moment, elle s’est mise à chanter :
When the days are cold
And the cards all fold
And the saints we see
Are all made of gold
When your dreams all fail
And the ones we hail
Are the worst of all
And the blood's run stale
I wanna hide the truth
I wanna shelter you
But with the beast inside
There's nowhere we can hide.
Je connaissais cette chanson, elle l’écoutait souvent. Elle n’avait pas une jolie voix, mais elle chantait juste, et les sentiments qu’elle avait mis dans ses quelques paroles me firent monter les larmes aux yeux.
Plus tard dans la nuit, elle m’a raconté un drôle d’histoire. Elle m’a confié que j’étais sa Syngué Sabour. Quand je lui aie demandé ce que c’était, elle m’a dit que cela signifiait Pierre de patience en Persan. C’est une vieille légende qu’elle avait vu dans un livre qui disait qu’il existait une pierre magique à qui on pouvait raconter tous ses secrets et tous ces problèmes. Elle allait continuer mais s’est arrêté la.
Je fus flatté de sa remarque, mais son hésitation m’avait perturbé.
Alors plus tard j’ai cherché sur internet et j’ai vu qu’à la fin la pierre explose, et alors la personne est libéré de tous ces tourments.
La pierre qui explose ? Une vieille légende Perse. Personnellement, je n’ai jamais cru à ces choses la, alors il ne fallait pas qu’elle s’inquiète.
Je voulais à mon tour lui dire quelque chose qui reflète ce que je ressentais pour elle.
J’ai repensé à un film dont elle m’avait parlé un jour, Nos Etoiles Inverses ou Nos Etoiles Contraires, je ne sais plus trop.
Mais ce qui m’avait marqué, ce fut quand elle m’a récit le poème à a fin du film..
Je me suis dit qu’il convenait parfaitement à ce que je ressentais, alors je me suis lancé.
Tant de choses
dépendent
D'une brouette
rouge
Vernie d'eau
de pluie
À côté des poulets
blancs.
Rien qu’en la regardant. Je sus que j’avais dit ce qu’il fallait, que j’avais su lui répondre.
Ses yeux bruns me fixaient. Un sourire tendre éclaira son visage.
Certains petits malins me diront que le monde tourne autour du soleil.
Mon monde aussi tourne autour d’une étoile. Mais celle-ci est bien plus qu’une boule de feu pour moi.
M est une des rares personnes qui .. rayonnent !
Si tu es seul ou perdu et que tu croises son chemin, tu seras immédiatement attiré par sa lumière. Elle brille comme une bougie dans la nuit.
Avant, j’étais superficiel, je n’étais intéressé que par moi-même. Mon tableau de chasse, mes tablettes et ma musique, voila ce qui comptait pour moi.
Ce que je vais vous dire, ou plutôt écrire, va surement vous sembler absurde et banal mais, elle a changé ma vie. Elle m’a sauvé, et pour cela je lui serais à jamais reconnaissant.
Bon, revenons à notre récit, ses yeux, son sourire.. Concentre-toi.
Je plongeai sans retenue mon regard dans le sien. J’étais comme hypnotisé.
C’est elle qui rompit le charme en se levant brusquement. Bon, ce n’est pas tout mais, il nous reste deux jours. Et moi j’ai bien l’impression de profiter à fond ! Alors à la douche et puis zou ! On va visiter Paris !
Son enthousiasme me fit rire. Et l’oreiller que je me pris en pleine figure lorsque je rechignai à me lever me surpris. Ah elle voulait se la jouer comme ça. Elle allait voir ..
Je me suis levé d’un coup, je l’ai attrape et je l’ai jeté sur mon épaule comme un sac de patates.
Elle me martela le dos de ses petits points pour que je la lâche. Ce que je fis, sauf qu’au lieu de la poser par terre, je l’ai jeté sur le lit.
Elle a cherché à s’échapper la vilaine, alors, plus rapide que l’éclair, je lui aie sauté dessus et j’ai immobilisé. Mon nez se trouvait alors à quelques centimètres du sien.
M qui au début riait, ne disait plus un mot.
Je me suis penché, j’étais sur le point de l’embrasser lorsque son téléphone sonna.
Et zut.
Elle me repoussa et se jeta sur son portable, visiblement, elle attendait ce coup de fil..
-Salut mon Lapin (Aurélien … j’allais le tuer celui-là à notre retour) ..Oui tout va bien ici, on s’éclate !! Disney c’est vraiment génial !! On a fait à peu près tout les manèges … Mon préféré ? Je dirais le train fantôme (Ouiiiii !! Victoire !! Un point commun) j’ai hurlé du début à la fin c’était trop drôle !! Ooh mais toi aussi tu me manques mon Lapin (J’étais nettement moins heureux à ce moment là, voir même carrément jaloux. Comment ça elle lui manquait ? Il allait m’entendre celui la !) Mais pourquoi veux-tu que je m’ennuie ? Tu n’es pas le centre du monde mon chou !
.. Il est A-DO-RA-BLE, c’est les plus belles vacances de ma vie !! Bon je te laisse, aujourd’hui, on visite la capitale !! .. Moi aussi je t’aime, bisous !
Elle raccrocha.
-C’était Aurélien me dit-elle, il s’ennuie sans nous le pauvre chéri !!
Le pauvre chéri, mais oui bien sur. Je ne pensais pas qu’un simple coup de téléphone pouvait me rendre jaloux à ce point .. Et pourquoi est-ce qu’elle ne m’avait dit je t’aime à moi ? Surement parce que je ne lui avais jamais dit..
Je me suis toujours conduit de manière possessive avec mes anciennes copines. Le premier qui s’approchait un peu trop d’elle risquait sa vie. Je devenais fou, aveuglé par une jalousie que je ne pouvais contrôler. Pourtant, j’étais très loin d’être fidèle, certains pourront me qualifier de papillons, bien que ce ne soit pas très flatteur, car je volais de fleur en fleur, sans attaches.
Mais je voulais que M voie que j’avais changé, que je n’étais plus ce lui que j’étais. Alors je chassai ma jalousie de mon esprit, pour la remplacer par son beau visage. Car après tout, Paris n’était-elle pas réputée pour être la ville des Amoureux ?
En marchant vers la Tour Eiffel, je pensais à la chanson de Notre Dame de Paris. M était mon Esméralda, et je serais son Quasimodo. Ragaillardi par cette idée, je lui pris la main. Elle me la serra, spontanément, et continua d’avancer, un sourire flottant sur ses lèvres.
Nous passâmes devant un groupe de musique qui jouait devant un café. C’était un vieil air, bien français. Je l’avais déjà attendue, Mamie-Cat’ de ma première famille d’accueil me le chantait quand j’étais petit. Je la considérais comme ma mère, et elle comme son fils. Mais elle est morte et je suis retournée au foyer. La vie est triste, mais il faut se relever.
Perdu dans mes pensées, je ne m’étais pas aperçu que M me regardait. Elle avait toujours su ressentir la tristesse et la peine des gens, alors je savais qu’elle avait ressenti la mienne à ce moment la. Elle me serra la main un peu plus fort puis, à ma grande surprise, me prit dans ses bras. Guidé par le rythme lent de la musique, nous nous sommes mis à danser, comme ça, devant les musiciens, en pleins centre de Paris.
Quand la musique se termina, nous entendîmes des applaudissements. Les passants formaient un cercle autour de nous et nous regardaient nous balancer.
M rougit, souris, et se cacha discrètement derrière moi. Elle n’avait jamais aimé être sous le feu des projecteurs. Alors je l’ai tiré par la main et nous avons continué notre promenade.
La Tour Eiffel. Petit, je voulais devenir architecte. J’ai toujours admiré ces grands monuments, que ce soit la Tour Eiffel, l’Empire States Building ou encore le Sydney Opera House. Je me souviens que je voulais construire une tour immense qui irait toucher la Lune.
Comme vous pouvez le constater, j’avais plus la tête dans les nuages que les pieds sur Terre.
-A quoi penses-tu ?
La question de M me sortit de ma torpeur. J’étais tellement plongé dans mes souvenirs que j’avais oublié sa présence.
- A mon enfance, lui répondis-je, Paris me rappelle beaucoup de souvenirs.
- C’est une ville magnifique, me dit-elle les yeux dans le vague. Elle se tourna vers moi. Tu ne me parles jamais de ton enfance.
- Parce qu’il n’y a pas grands choses à dire. Je n’ai pas à proprement parlé eu d’enfance.
- Eh bien raconte ce que tu as vécu alors s’il te plait. J’aimerais mieux te connaître et mieux te comprendre aussi..
- Pourquoi ?
- Des fois tu souris et puis d’un seul coup tu sembles triste, comme si une vague de souvenirs t’avaient englouti.
Je la regardai dans les yeux. Elle arrivait par je ne sais quel magie à lire tous mes sentiments. Elle doit être une des personnes qui me connaissent le mieux alors qu’elle ne sait rien de moi. J’ai décidé de lui raconter. Je l’ai entraîné vers un banc et nous nous sommes assis.
-Bon, normalement je devrais te demander de promettre de ne rien dire mais je te fais confiance alors voila..
Je suis un enfant né sous X. Ma mère m’a abandonné parce qu’elle ne pouvait pas s’occuper de moi. Elle a préféré que je grandisse dans une famille qui aurait les moyens de garder un bébé.
Je suis resté jusqu’à l’âge de 8ans dans ma première famille. Ma Mamie-Cat fut comme ma maman. Elle me chantait des chansons, me lisait toutes sortes d’histoires. Elle m’aidait à faire mes devoirs et me préparait à manger. Je me souviens, quand je rentrais de l’école je trouvais toujours une assiette de biscuit sur la table. Elle ne m’a jamais caché mes origines, et elle m’a aimé comme son fils.
Mais elle est morte. Tu sais ce que c’est le plus difficile dans tout ça ? C’est de te dire que la vie t’as fait une merde une fois, et qu’elle t’en refait une deuxième pire encore.
Je suis partie en foyer. Et là a commencé une période d’alternance entre famille d’accueil, retour au foyer puis de nouveau en famille.
A cette période j’en voulais au monde entier ! Ce n’est pas une excuse mais j’ai fait de belles bêtises que je regretterais tout ma vie.
Une fois que toute cette haine m’avait quitté, j’ai fait des recherches pour retrouver ma mère. Elle est mariée maintenant, et elle a eu 3 autres enfants. Je suis chez elle actuellement, mais je sais que ça ne durera pas, elle a beau me traiter comme son fils, je ne me sens pas à ma place.. Je vais attendre que le lycée soit finit, et je partirais. Je veux tout recommencer à zéro.
Je ne m’étais pas rendu compte que des larmes coulaient sur mes joues. Je les essuyai vivement. Je n’aime pas pleurer, mais cette histoire m’avait rappelé de douloureux souvenirs.
Je tournai la tête vers M, ses yeux étaient humides. Elle me prit dans ses bras.
Je me remis à pleurer. Elle me garda dans ses bras, sans un mot, me serrant fort contre son cœur.
Je ne sais pas combien de temps j’ai pleuré. Ca m’avait fait du bien mais, j’avais honte. Après tout, un garçon qui pleure, ce n’est pas du plus glorieux, et ça l’est encore moins si la demoiselle de ses pensées le réconforte.
Je crois que M aussi a comprit car elle a desserré son étreinte, et s’est levé en me tirant par les bras.
-Alors on y va ? La tour Eiffel n’attend que nous !
Cette fille est incroyable ! Elle arrive à ressentir mes émotions, et réagit immédiatement en conséquence. Je pris sa main et nous courûmes vers la Tour Eiffel en riant. A ce moment la j’avais tout oublié, mon enfance, ma jalousie, mes doutes, seul son sourire subsistait. Je l’aime comme un fou !
Whaou ! Fut le premier mot de ma M lorsqu’elle vit la Tour Eiffel. Avec son ossature métallique, et sa pointe qui semblait toucher les nuages, il fallait bien avouer qu’elle était impressionnante ! Et magnifique !
Afin de mériter la vue sublime qui nous attendait en haut, nous avions décidé de monter à pieds, par les escaliers.
Dès le premier étage, nous fûmes éblouis par cette vue. M était accoudée sur la balustrade, elle regardait au loin.
Je la voyais de dos, le Champ de Mars se découpait derrière elle. Ses cheveux qu’elle avait exceptionnellement détaché, tombait en cascade sur ses épaules.
Elle se retourna et me sourit. Mon dieu ce sourire ! Elle était si charismatique ! Quand elle souriait, j’avais envie de la garder dans mes bras pour toujours. Une éternité à ses côtés, voila ce dont je rêvais.
Elle m’entraîna vers le deuxième étage.
Le plancher de verre me donna le vertige. J’avais l’impression d’être aspiré vers le sol. Je suis certain que vous avez déjà fait ce cauchemar où vous tombez en hurlant dans une sorte de tourbillon. Cette sensation étrange d’estomac qui se retourne et de cœur qui se soulève. Je détestais ça.
M n’avait pas l’air à son aise non plus.
Alors, direction le dernier étage !
Cette fois, pas d’escalier, seulement un minuscule ascenseur qui grinçait. Mais bon, la proximité avait des avantages, surtout quand on était avec une très jolie fille qui sentait divinement bon. Et les petits grincements n’étaient pas pour me déplaire non plus, surtout si ledit jolie fille vous saute dans les bras à chaque fois qu’elle en entend un.
Le panorama était.. vertigineux ! D’abord, on apercevait l’horizon, puis nos yeux plongeaient vers Paris avant de chutaient vers les pieds de la Tour de Métal. C’était impressionnant !
Je ne pourrais jamais oublier un moment pareil. Le vent qui ébouriffait ses cheveux, sa petite main dans la mienne, j’aurais voulu que ce moment dure toujours.
En retournant à l’hôtel, on s’arrêta pour manger une glace. Chocolat pour moi, et pistache pour elle. Nous l’avons mangé au bord de la Seine, assis sur un banc, comme deux amoureux profitant de leurs vacances.
On passe des années à chercher le bonheur. On se demande quelle forme il prendra, comment on le reconnaîtra. Ce qu’on ne sait pas c’est qu’il peut arriver, comme ça, grâce à une simple rencontre. Si l’on m’avait dit des années en arrière que tout déprendrait d’une fille du secondaire, j’aurais ris. Maintenant je sais que tout mon être est tourné vers elle et que je n’envisage pas ma vie sans M. Je sais bien que je ne suis qu’un gamin, mais pourquoi faudrait-il être vieux pour être heureux ?
J’attrapais une mèche de ses cheveux, qui voletait devant son visage, pour la lui coincer derrière l’oreille.
Ses yeux rencontrèrent les miens.
Je n’ai pas un visage très expressif, garder mes pensées pour moi est beaucoup plus facile. Mais avec M, je ne peux plus jouer. Elle sait reconstituer le puzzle que je suis. Je dois vous paraître fort prétentieux, néanmoins, c’est la vérité. Mon passé n’est pas écrit sur ma figure, mais dans mon âme et dans mon cœur. Me lire revient donc de la magie.
Ce soir-là, je dormis fort mal. Je rêvais de ma Mamie-Cat’. Son sourire, ses yeux bleus encore vifs malgré ses cheveux blancs grisonnants. Elle me manquait tant. Elle a été la première femme dans ma vie, je ne pourrais jamais l’oublier.
Elle a beaucoup souffert, ses derniers mois furent un calvaire. Le cancer la dévorait petit à petit et j’étais totalement impuissant. Je me revois, enfant, admirer une dernière fois son visage figé, comme apaisé, ses mains pâles qui se croisaient sur sa poitrine. Elle semblait dormir.
Tel est la dernière image qu’elle me laissa. Je me souviens de ma tristesse lorsque j’ai comprit. Je ne la reverrais plus, elle était morte. Elle m’avait abandonné.
Je me réveillais en sursaut. Un cauchemar, me dis-je, ce n’est qu’un cauchemar. Mamie-Cat’ est morte, elle ne t’aurait jamais laissé.
J’enfouis ma tête dans l’oreiller en gémissant. Combien de temps mettrais-je pour tourner la page ?
M poussa la porte de ma chambre. Elle me vit et comme à son habitude, elle comprit. Elle s’approcha de moi et s’allongea. M me caressa les cheveux en chantonnant comme une mère l’aurait fait pour son enfant pendant des heures. Sa présence et la fatigue eurent raison de moi, je m’endormis.
Chapitre 2
En ouvrant les yeux le lendemain matin, je fus surpris de ne pas trouver M endormie à mes côtés.
Elle n’était plus dans ma chambre. Et visiblement, pas dans la sienne non plus.
Mais où était-elle passée ? Je commençais à m’inquiéter. J’enfilais un pantalon et un tee-shirt à la va-vite et je courus à la réception.
-Excusez-moi, vous n’aurez pas vu une fille de 15ans, avec des cheveux bruns et bouclés et des yeux marrons, sortir de l’hôtel s’il vous plait ?
- Hum .. je crois bien que si, je ne fais pas trop attention aux clients qui sortent, plutôt à ceux qui entre, nous sommes dans un hôtel vous comprenez ?me répondit le réceptionniste.
Je me faisais vraiment du souci, ce n’était pas son genre de partir comme ça, sans rien dire.
-Attendez, je vais demander à Jeanne, notre femme de ménage, elle l’aura peut être vue..
Il prit son téléphone et demanda Jeanna. 5 minutes plus tard, une femme à la peau crayeuse se présenta à l’accueil.
-Jeanne ! Merci d’être venue. Auriez-vous vu une adolescente d’une quinzaine d’année sortir ce matin s’il vous plait ? Ce jeune monsieur que voici s’inquiète car elle n’est toujours pas rentrée.
La femme se tourna vers moi.
-Vous êtes Tony n’est ce pas ?
Comment la savait-elle ? Je ne l’avais jamais rencontré avant aujourd’hui.
-Oui.
-Lorsque j’ai croisé votre amie, il devait être 6h du matin. Elle m’a demandé où est ce qu’elle pouvait acheter des biscuits. Elle a ajouté qu’ils étaient pour un certain Tony et qu’elle souhaitait lui faire une surprise.
Je regardais ma montre. 9h34. Où était-elle ?
-Quelle direction lui avez-vous indiquée s’il vous plait ?
-Tout de suite sur votre gauche en sortant. C’est la petite boulangerie qui a une enseigne jaune et marron. Vous ne pourrez pas la rater.
M n’a pas pu se perdre, elle a le sens de l’orientation et une bonne mémoire visuelle. Avait-elle eu un accident ? Je m’en voudrais toute ma vie s’il lui était arrivée quelque chose alors que je dormais comme une marmotte.
Je remerciai Jeanne et le réceptionniste et je suis parti en courant vers cette fameuse boulangerie. Sans perdre de temps à faire la queue, je demandais à la vendeuse si elle n’avait pas vu une jeune fille aux longs cheveux bouclés. Pour illustrer mes propos, je lui aie montré une photo de M, dans les bras de Mickey.
La vendeuse, qui me regardait avec un drôle d’air, me répondit en réprimant un soupir :
-J’crois bien l’avoir vu ta p’tite copine. Mais elle est partie avec un autre mec dans une voiture. J’crois que ça ne sent pas bon pour toi mon chou.
Un mec ? Une voiture ? Je ne comprenais plus rien.
-Quel mec ? Il l’attendait où ils sont venus ensemble ? Dans quelle voiture ? Comment était-il ?
-Un beau mec, plus mignon que toi, mais plus petit. Il l’attendait dans une voiture grise pourri. Quand elle est sortie il l’a tiré par le bras et l’a embarqué dans sa caisse. Je ne sais pas trop ce qu’ils trafiquent mais ça m’a l’air louche.
Mon dieu, M, kidnappée.. Je me pris la tête entre les mains, ce n’était pas possible. Tout est de ma faute ! Je ne la reverrais plus jamais, le connard a plusieurs heures d’avances, impossible de le rattraper. Elle était perdue. Peut-être même morte.
Je n’en pouvais plus, rien que d’imaginer ce que ce salaud avait pu lui faire..
Des larmes coulaient sur mes joues. Je gémis.
-Tony ? Tony réveille toi !
J’ouvris les yeux.
J’étais allongé sur le lit de l’hôtel. Le visage inquiet de M était penché au dessus moi.
-Que se passe- t-il ? Tu dormais et puis d’un seul coup tu t’es mis à trembler. Tu vas bien ?
Je la regardais, je n’arrivais plus à bouger. La disparition, l’enlèvement, un mauvais rêve. Elle était en sécurité, tout près de moi. Elle me tenait la main. Mon dieu, j’ai eu tellement peur !
Je l’ai pris dans mes bras et l’ai serré fort. Je voulais que ce moment dure éternellement. La sensation de son corps contre le mien, la chaleur de sa peau, l’odeur de ses cheveux. Je pouvais presque entendre les battements de son cœur. Je l’aime comme un fou et.. je n’envisage pas ma vie sans elle. Cette réalité s’imposa à mon esprit. Je fermais les yeux, profitant juste de l’instant présent.
Je finis par la relâcher à regret. Elle dégagea une mèche de mon front d’un geste plein de tendresse, et prit mon visage entre ses mains. Ses yeux plongèrent au fond des miens comme si elle voulait lire au plus profond de moi.
Je ne sais pas ce qu’elle y a vu mais, quand elle me relâcha, son regard brilla d’une lueur étrange qui disparut aussi vite qu’elle était apparut.
Je l’attirais vers moi, elle posa sa tête sur mon torse et ferma les yeux.
Elle était épuisée, de lourds cernes bleutés alourdissaient son regard. Je me sentis coupable, elle avait veillé sur moi toute la nuit.
Je ne sais pas ce qu’elle ressent exactement pour moi, mais je pense sans me vanter que je compte beaucoup pour elle.
En tout cas, elle, elle compte beaucoup pour moi.
Mais.. je dois vous faire un aveu ! J’ai..hum.. profité de son sommeil. Elle dormait si paisiblement, on aurait dit un ange. Je n’ai pas pu résister à la tentation d’embrasser ses lèvres si douces. J’en ai encore des papillons dans le ventre !
J’espère de tout mon cœur qu’un beau jour, ce sera elle qui déposera un baiser sur ma bouche. Je ne sais pas ce que je ferais si elle tombait amoureuse d’un autre. Parfois je me dis que je ferais mieux de l’enfermer, pour qu’elle ne soit rien qu’à moi. Mais un oiseau en cage ne chante pas.
Je m’emporte un peu, la fille que j’aime est endormie sur mon torse, alors je devrais en profiter au maximum !
Elle s’est réveillée dans l’après midi, en papillonnant des cils et en s’étirant comme un chat.
Elle est si mignonne, je mourais d’envie de lui dire ce que je ressentais pour elle. Mais j’avais peur que cela brise notre amitié, ou qu’elle se sente acculée..
Pour notre dernier soir, je lui ai proposé d’aller au restaurant, histoire de finir en beauté ! Elle a accepté en riant.
-Et.. c’est un rendez-vous ? Me demanda-t-elle timidement.
-Peut-être..
Elle me fit un grand sourire et partit dans sa chambre pour se préparer.
Pour ma part, mon costume était déjà prêt, et cela grâce à une Maman prévoyante. C’est étrange de l’appeler Maman, elle qui est vient tout juste d’apparaître dans ma vie.. Mais bon, je suppose que même si elle n’a pas toujours était là, elle reste ma mère tout de même.
7h. Je l’attendais. Dans ma chemise blanche qui faisait ressortir mes épaules carrés et mon pantalon noir, j’étais plutôt élégant. Mais lorsqu’elle fit son entrée, je me sentis vraiment ridicule.
Elle était sublime ! Sa robe noire à manches courtes soulignait ses courbes et dévoilait de longues jambes dorées. Au moindre mouvement, le tissu vaporeux s’enroulait autour de ses cuisses. Je me retenais de baver tant elle était jolie.
De hauts talons la grandissaient et faisaient encore plus ressortir sa silhouette. Elle portait au poignet un bracelet fin blanc et doré, et ses ongles étaient peints en bleu pâle.
Elle avait relevé ses cheveux pour former un chignon qui tombait mollement sur sa nuque. Deux petites pierres brillaient à ses oreilles. Son regard était souligné par un trait de crayon cuivré, et de minuscules paillettes tombaient sur ses cils recourbés.
Sa bouche pulpeuse avait la couleur tendre des Tagadas, et sa peau, celle du miel ambré. Elle était un délice !
Mais aurais-je le droit de le gouter ? Ou le perdrais-je à jamais ?
Elle me regardait en souriant, les joues légèrement roses.
Je pense qu’elle avait fait tout cela pour me plaire, je ne l’avais jamais vu habillée ainsi. En parfait gentleman, je me suis avancé vers elle, j’ai attrapé sa main, et y ai déposé un baiser. Sa peau sentait la vanille.
Elle est devenue nettement plus rouge, mais elle me sourit et me fit une petite révérence.
Puis bras dessus, bras dessous, nous nous sommes dirigés vers un petit bistrot, non loin de la Tour Eiffel.
Cette soirée fut magique ! La cuisine était délicieuse et M, d’excellente compagnie. Elle a rit à toutes mes blagues, même à celle du croissant qui se moque du pain au chocolat car il a de la merde au cul.
Bon, je reconnais que ce n’était pas la plus distingué, mais j’ai fait avec les moyens du bord pour la faire rire.
-J’ai passé la meilleure soirée de ma vie, m’avoua-t-elle au moment du dessert. Tout ça.. c’est vraiment parfait ! Je.. merci beaucoup Tony, j’ai passé une semaine de dingue, je ne pourrais jamais oublier tout ce qu’on a vécu, me dit-elle en baissant les yeux.
-Moi aussi j’ai passé une super semaine ! Paris avec toi, c’est le paradis ! Répondis-je en lui prenant la main.
Afin de prolonger cette délicieuse soirée, je lui proposai d’aller faire un petit tour.
On marchait sur le trottoir, tranquillement, lorsqu’un groupe de jeunes d’une vingtaine d’année passèrent devant nous en riant. Ils sentaient l’alcool et la cigarette, et certains n’étaient pas tout frais.
L’un deux commença à draguer d’une manière tout à fait grotesque ma M. On se serait cru dans un film Américain c’était ridicule.
-Hé ma jolie ! Ca t’dirait de..hic.. v’nir boire un p’tit verre ‘vec nous ?
Mais elle m’attrapa par la main, et refusa poliment mais d’une voix déterminée.
-Non, je vous remercie. Bonne soirée !
La réponse ne lui plu visiblement pas. Et des hués n’arrangèrent pas la situation. Il l’insulta de tous les noms.
Mais elle ne releva pas, et continua son chemin. J’étais fier d’elle ! Malgré son apparence fragile et son caractère timide, elle savait se montrer forte et courageuse !
Sauf que tout ne se passa pas si bien que ça et une ruade de coups me projeta à terre.
Réfléchis ! Vite !
Je pouvais en avoir trois, peut être même quatres, mais pas tous. Ils étaient trop nombreux.
Je suis foutu. Bon, on arrête de se lamenter, si tu veux t’en sortir, il faut que tu chopes le chef de la bande. Si tu fais ça, les autres te laisseront tranquilles.
Alors que je me tentais de me relever pour affronter mes adversaires, M se jeta sur le type qui l’avait abordé et le frappa de toutes ses forces. Il perdit l’équilibre et chuta. Mais lorsqu’il se releva, une haine féroce brillait dans ses yeux. Il se rua sur elle et l’envoya par terre. D’un seul coup.
Elle resta au sol. Les yeux clos. Le visage pâle.
Je vis flou.
M.
Inanimée.
Du sang coulait de sa tête.
Je me suis jeté sur le mec. Violemment. Et je l’ai tabassé. Je n’entendais plus ses cris. Je ne voyais plus son visage qui disparaissait sous une couche de sang.
Je voyais M, inconsciente. J’entendais le bruit qu’avait fait sa tête lorsqu’elle heurta le sol.
Alors je frappais, sans retenue. J’avais mal aux phalanges. Mais je continuais. C’était une sorte de vague, de pulsion violente. Je devais frapper.
Puis je repris connaissance de ce qui m’entourait. Alors je le relâchai, et me précipita vers M.
Elle avait la peau glacée, et le sang continuait de couler. J’ai du m’y prendre à 3 reprises avant d’arriver à appeler les pompiers, mes mains tremblaient.
Ensuite, j’ai fait tout ce qu’il me disait.
-Respiration ?
-OK
-Rythme cardiaque ?
-OK
Je ne devais pas la bouger, juste lui parler, lui tenir la main, en attendant désespérément que ses doigts remuent.
L’ambulance arriva. Ils la mirent sur une civière. Et soudain elle se mit à bouger. Son corps était parcouru de convulsions. Une machine bipa. Je lui tenais toujours la main, impuissant.
Le trajet fut court. A l’hôpital, on me sépara d’elle pour m’ausculter brièvement. Appart quelques égratignures, j’étais indemne. J’appelais ses parents, il fallait bien que quelqu’un les mette au courant. Silence de mort au téléphone, puis son père me rassura, ce n’est pas ta faute. Bien sur que si ça l’était, je n’avais pas su la protéger.
Ils arriveraient surement le lendemain dans la journée. J’étais seul dans la salle d’attente.
A un moment, la police passa me voir pour me demander plus de détails sur nos agresseurs. J’étais fatigué. Mais je répondis avec le plus de précisions possible.
2h du matin. Un homme avec une blouse verte sortit du bloc. Il se dirigea vers moi.
- Comment va-t-elle ?
- Son pronostic vital n’est pas engagé. Elle va s’en sortir avec au pire un hématome et quelques égratignures. Mais tu as bien fait d’agir rapidement, cela aurait pu être plus grave.
-Je peux la voir ?
-Les heures de visites sont terminés, alors dépêche toi. Je crois qu’elle s’est endormie.
- Merci.
Elle dormait quand je suis rentré. Sa peau était blanche, elle avait un gros pansement sur le front.
Je me suis assis sur une chaise à côté de son lit. Son visage était détendu. Le bruit régulier de l’électrocardiogramme me rassura sur son état.
Son pronostic vital n’est pas engagé. Elle va s’en sortir. Elle n’est pas en danger.
Je repense au moment où je l’ai vu tomber. Le monde a subitement arrêté de tourner. Je n’avais jamais fait preuve d’autant de brutalité. Je ne sais pas ce que je ferais si elle disparaissait.
Je voulais qu’elle se réveille, qu’elle ouvre les yeux. Je voulais qu’elle me reprenne la main pour ne plus la lâcher. Je voulais la voir rire. Je voulais qu’elle me rechante une chanson.
So open your eyes, and see
The way our horizons meet
And all of the lights will lead
And I know these scars will bleed
But both of our hearts believe
And all these stars will guide us home.
Je crois que c’est sa chanson préférée. Elle est toujours en train de chantonner la mélodie. En écoutant bien, les paroles sont très belles. Et elles prennent leurs sens dans ma vie.
I can hear your heart
On the radio beat
They're playing Chasing Cars
And I thought of us
Back to the time,
You were lying next to me
I looked too close and fell in love
So I took your hand
Elle me regardait, un pâle sourire sur les lèvres. Sa voix était faible mais elle avait finit ma chanson. Elle m’avait entendue.
Des larmes qui ne demandaient qu’à couler brillaient dans ses yeux. Je la pris dans mes bras, elle pleura.
-Je..j’ai eu si peur ! Hoqueta-t-elle.
J’essayais de la réconforter comme je pouvais. Je voulais lui dire que j’étais désolé. Que tout était de ma faute. Qu’à partir de maintenant je ne faillirais plus. Que je la protégerai de tous les dangers. Mais les mots ne sortaient pas. J’avais était impuissant, et je l’étais encore !
Je la serrai plus fort contre moi, en me traitant intérieurement de tous les noms. Les calmants finirent par avoir raison d’elle. Elle s’endormit dans mes bras.
Du haut de ma chaise d’hôpital, je pensais. Je sais, c’est stupide. Mais je pensais. A elle, à moi, à nous, au monde ! Je ne savais plus où donner de la tête ! Cet accident m’a fait comprendre une chose, c’est que malgré ce que beaucoup de gens disent, on n’a pas la vie devant nous.
La vie, c’est fragile, c’est comme un bouton de rose. Si tout se passe bien, la vie est belle, sinon, elle se flétrit. M aurait pu mourir. Elle serait partie sans que j’aie eu le temps de lui dire..
De lui dire quoi ?! Que je l’aime comme un fou depuis le premier jour ? Le coup de foudre et le Grand Amour, ça n’existe que dans les films. Néanmoins, il fallait que je lui dise. Elle avait le droit de savoir, car après tout, c’est elle la principale concernée ! J’étais résolu à tout lui dire, mais seulement quand cela serait le bon moment.
Le bon moment..
Des dizaines de questions se bousculaient dans ma tête. J’aurais surement mieux fait de ne pas penser !
Le sommeil me gagna. Bercé par le bip-bip lent des machines, je m’endormis.
Quand j’étais petit, fermer les yeux me terrifiait. Je croyais que lorsqu’on s’endormait, on partait dans un autre monde et on disparaissait. J’avais terriblement peur de me perdre, de ne plus pouvoir rentrer chez moi et de rester tout seul !
En grandissant, je me suis rendu compte que le vrai et profond sommeil nous emmenait vraiment ailleurs. Mais pas celui auquel je pensait..
Un ailleurs où les sensations et les pensées n’ont pas lieu d’être ! Un ailleurs où tout existe mais où rien n’est vraiment présent ! Un ailleurs où tout est possible mais où rien ne se fera réellement !
Et j’ai finit par apprécier cette sensation de disparition. C’est comme une forme de liberté pure !
Une main serrait la mienne doucement. Retour à la réalité.
J’étais avachi sur son lit, ma tête reposait sur mes bras.
Je me redressais.Elle sourit. Une marque rose s’était imprimé sur ma joue.
Le même sourire qu’à notre première rencontre !
Si la ce n’était pas le bon moment..
Carpe Diem. J’approchais lentement mon visage du sien. Elle plongea son regard dans le mien. Je suis quasiment certain de pouvoir affirmer que j’ai à nouveau aperçus cette lueur étrange. Son parfum m’enivrait, je fermais les yeux.
La porte s’ouvrit en vlan.
-Ma chérie ! Sanglota sa mère en se jetant sur elle. J’ai eu si peur !
Et merde ! Je n’ai jamais était à proprement dit malchanceux mais là tout s’acharnait contre moi ! J’étais à deux doigts de l’embrasser, à deux doigts de sentir ses lèvre sur les miennes !
J’aime bien ses parents, ils sont tous ce que j’avais toujours rêvés d’avoir. Et j’avoues que j’étais aussi content de les voir, toute cette histoire m’a échappé, je m’en veux encore beaucoup.. Mais depuis le temps que j’essaie de faire ma déclaration, être interrompu de cette manière, c’est frustrant !
Sa mère pleurait doucement. Je me sentais un eu comme un étranger. Je sortis. Ces effusions m’avaient ému, je n’avais jamais connu cela.
Une dizaine de minutes plus tard, son père me rejoignit et me serra contre lui.
-Merci ! Merci d’avoir sauvé notre petite fille !
Ses yeux brillaient. Un mélange touchant de larmes et de reconnaissance.
Je ne savais pas quoi dire. Son geste m’a surpris.
Sa mère sortit de la chambre. Elle aussi m’embrassa et me remercia avec chaleur. Je n’ai pas vraiment l’habitude de ce genre de contact. Aussi étais-je un peu gêné.
-Elle te demande, me transmit sa maman en me faisant un clin d’œil.
Je lui souris en retour, et partis affronter M.
Elle m’attendait, assise bien droite dans son lit d’hôpital, ses cheveux bouclés cascadant dans son dos. Je m’assis, osant à peine respirer. On avait faillit s’embrasser. Il n’y avait plus aucune ambigüité dans mes sentiments. Mais dans les siens ?
Elle posa les yeux sur moi.
Un regard brûlant.
Je sentais que mes genoux commençaient à trembler, alors je préférais m’asseoir.
Elle prit ma main dans la sienne. Sa peau était chaude.
Je ne sais pas comment vous décrire ce que je ressentais à ce moment précis..
J’avais comme une sorte de feu qui me parcourait le corps.
Je sentais son souffle dans mon coup. Elle me murmura à l’oreille :
-Je crois que nous avons était interrompu.
Ses yeux brillaient de malice.
Cette fois-ci, ce fut elle qui approcha son visage du mien. Je n’arrivais plus à bouger. La magie opéra. M déposa un baiser à la commissure de mes lèvres. Un baiser léger comme une plume.
Des Bisous !!!